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Let it Bleed (thriller roman noir) : Chapitre 1

Michael.

Hyde Park, Londres. 8h15.

Il était debout à côté du corps. Il discutait avec son assistant des détails concernant la scène de crime. Il était calme comme à son habitude, la vue d’un homme mort ne lui faisait plus rien à présent. Après tout il en voyait toutes les semaines à Londres.

C’était courant. Il regarda le calepin de son assistant, quelques notes y était inscrites. L’assistant pris la parole.

“Alors d’après ces notes, il s’appelait Kit Hoover, il était âgé de 19 ans et est né à Cork en Irlande du Sud. Il habitait quelques pâtés de maisons plus haut, dans le quartier nord. Son corps a été trouvé par un certain Jamie Kingslet, il passait dans le coin pour se rendre à une réunion à Temple.”

L’assistant releva la tête vers son supérieur attendant une réponse. L’agent Skudy hocha la tête, l’assistant continua.

“D’après l’agent Rodger, arrivé sur les lieux à 7h ce matin, ce gosse est mort depuis environ 9 heures.”

L’agent de police, Michael Skudy, jeta un coup d’œil sur l’adolescent, toucha sa peau froide, fouilla deux de ses poches et en sorti un médaillon, le scruta un instant, la pierre ronge rubis lui tapa dans l’œil, il pensa instinctivement qu’il s’agissait d’un bijou de famille étant donné sa valeur à l’œil nu ; il le plaça dans un sac en plastique. Il s’éclaircissait la voix en se relevant.

-Heure du décès prononcé à 23 heures, ce 3 mars. Notez ça Peter. Une adresse ? De la famille ? Des antécédents judiciaires ?

-Oui il semblerait que le garçon habitait le quartier nord de Londres au 3160 sur Jailon Avenue à Northburry.

-C’est à côté du Britich Museum ça ?

Photo de sl wong sur Pexels.com


-Ouais. Juste au-dessus.

-Quartier de bourges. Continue.

L’assistant remis ses lunettes en place.

-Sa mère est Nina Hoover et son père Ulrich Hoover, tous les deux dans le digital. Le garçon n’a jamais était incarcéré appart lors de la manifestation de Picadilly mais il a seulement été retenu au poste, il a également était sanctionné pour excès de vitesse et pour fraude dans les transports en commun.

-Ok. On a trouvé quoi sur le gosse ?

-Une montre, Rolex ; une chaîne en argent ; une bague en argent aussi ; deux places pour les trois prochains matches de hockey de la saison ; un jeu de clés ; et ses papiers, carte d’identité, permis de conduire ; quelques bons de réductions et deux billets de vingt.

-Ce gamin est un gamin du nord, il porte une Rolex et n’a que deux billets de vingt sur lui ? C’est louche. Cherche s’il ne s’agit pas d’un vol. Il s’est surement fait voler avant de ce faire tuer. Et fais analyser ce collier, dit-il en lui tendant le sachet, et rapporte-le-moi au bureau.

-Ça marche.

L’assistant part passer un coup de fil alors que Skudy examine le corps. L’adolescent est étendu sur le sol, les yeux face au ciel, des yeux bleus perçants avec une lueur de mort à l’intérieur. Skudy n’aime pas ce genre de corps, trop beau, trop jeune, trop présent. Il semble mort sans en avoir vraiment l’air, ce qui a le don de perturber l’agent de police. La beauté androgyne de l’adolescent ne le laissa pas de marbre, ses traits fins n’avaient absolument pas l’air d’appartenir à un gamin de 19 ans.

Il sortit son appareil photo en remarquant les inscriptions sur les boutons de manchette de la victime, il prit alors trois clichés et placa les photos dans un pochon lorsqu’elles furent claires. Apparemment la victime fut tuée d’un coup de couteau dans l’abdomen. Pas de trace de lutte, pas de trace de sang, même pas sur la chemise qu’il porte. Bizarre. La chemise a dû être changé après le meurtre. Skudy senti alors sa jambe vibrer, c’était son téléphone. Il reçut un appel de sa patronne. Il doit rentrer au poste.

Poste de police de Londres. 11h25.

Deux personnes sont en train de se disputer dans le bureau de Madame Simpson, l’agent Skudy n’osait pas entrer, il ne voulait pas déranger. Il s’apprêta à frapper à la porte tandis qu’un homme de grande taille sortait de la pièce.

“On en reparlera Sam. Je te promets que tu ne vas pas t’en tirer comme ça.”

L’homme criait après la chef de la police Londonienne Madame Simpson et laissa la porte entre-ouverte en s’en allant.

Photo de Martin Lopez sur Pexels.com


-Je peux entrer ? Demanda Skudy.

-Oui bien sûr. Lui répondit sa patronne, adossée contre son bureau.

– Alors Michael, vous écoutez aux portes ? Je crois que mon mari serait d’autant plus furax.

-C’était votre mari ? Et bien, on m’a toujours dit que l’amour était une chose intense et fougueuse. répliqua Skudy.

Elle pouffa.

-Fougueuse, et bien si c’est ça la fougue…N’avez-vous jamais eu de femme Monsieur Skudy? Ou peut être avez-vous un homme dans votre vie ou quelques conquêtes ?

Son humour ne l’amusait pas, en réalité pas grand-chose n’amusait Skudy.

-Pas de femme, pas d’homme, et encore moins de conquêtes. Vous m’avez appelé ?

-Oui. J’ai reçu les quelques infos concernant le meurtre du parc de ce matin envoyées par ton charmant et séduisant petit assistant Peter. On a interrogé Jamie Kinglet, le gars qui a retrouvé Kit Hoover, mais ça n’a rien donné, de plus il a un alibi en béton : il était au poste cette nuit, pour le cambriolage du Hard Rock Cafe. Non mais je vous jure, on aura tout vu. La légiste m’a aussi envoyé ses impressions concernant le garçon, et il semblerait qu’il manque quelque chose.

-Je peux appeler Peter pour qu’il vous joigne le reste des infos…

Elle le coupa.

-Non non, ce que je veux dire c’est qu’il manque quelque chose sur le corps.

Il la regarda incrédule.

-Le garçon n’a plus de dents. Aucune trace. Envolées. Pouf.

Elle marqua un temps.

-Vous savez ce que ça veut dire, Michael ?

Skudy la fixa et répondit.

-C’est le troisième en un mois… Sans parler des deux meurtres à Cambridge.

-Un tueur en série, en conclue Madame Simpson, Écoutez, mon équipe n’a pas le temps de gérer ça. Et un tueur en série, c’est une sacrée prise de tête, aucun de mes agents ne peut tirer ça au clair, je vous le garanti. Excepté vous, Michael.

-Moi ? Pourquoi moi ? Je suis déjà sur l’affaire Jensen.

-Et bien parce que vous, Monsieur Michael Skudy, êtes le seul de mes agents à allier logique, patience, précision et rapidité, tout en méprisant à peu près tout ce qui peut vous divertir, par exemple, les femmes. Ce qui en sommes fait de vous un misogyne, parfait pour coincer un psychopathe ambulant. Et pour l’affaire Jensen, Peter s’en occupera. Comme ça j’aurais un prétexte pour mater son petit fessier. Et vous, Skudy, vous enquêterez sur ces meurtres. À commencer par l’histoire de ce gamin.

Skudy resta de marbre. Cette histoire ne l’enchantait pas.

-Ça en fait déja cinq, tachez de le trouver avant qu’il n’y en est un sixième. Aller Zou, lui jeta Madame Simpson.

Skudy sorti du bureau, appela Peter, l’informa de la situation et entra dans son GPS l’adresse de Kit Hoover. Il monta dans sa voiture, une vieille Chevrolet noire, et se dirigea vers le quartier nord, les poils tout hérissés. Cette affaire n’est vraiment pas pour lui.

Nothburry, maison des Hoover. 12h.

Annoncer la mort d’un enfant à des parents n’est pas une tache facile. Ce n’est pas dans l’ordre des choses, pour eux un enfant ne devrait jamais mourir avant ses parents. Pourtant, nous sommes tous égaux dans la mort, il n’y a pas de race, pas de comportement, pas de classe, et certainement pas d’âge. Mais pour des parents, en une journée aussi radieuse, c’est surement la dernière chose au monde qu’on a envi d’entendre.

Skudy a d’ailleurs entendu dire par son adjoint Holger que Nina Hoover était à nouveau enceinte. Tragédie. Skudy n’est pas doué pour tout ce qui est empathie, ou compassion, il n’aide pas les pauvres, ne pose pas sa main sur l’épaule d’un ami en train de pleurer, et ne vacille pas en entendant aux infos les horreurs qui se passent en Afrique, comment pourrait-il annoncer la mort d’un enfant à ses parents ?

Kit Hoover habitait dans une maison en pierre, terrasse et piscine sur le devant pour que tout le monde puisse admirer sa richesse, une petite statue en marbre, très cliché, et une tondeuse qu’on ne prend pas soin de ranger puisque ici il n’y a pas de voleur.

Skudy aime à décortiquer les gens, les lieux, les événements ; la police et les meurtres sont comme un Cluedo ou bien un bon roman policier durant lequel on s’amuse à chercher le coupable. Skudy avait avec lui la carte d’identité du garçon, il sonna à la porte.

Une femme d’une quarantaine d’années ouvrit à l’agent de police, il s’agissait très certainement de Nina Hoover, la mère. La femme croisa les bras sur son ventre avant de froncer les sourcils en voyant l’agent Skudy.

-Madame Hoover ? Je suis l’agent de police Michael Skudy envoyé du commissariat de Londres, dit-il en lui montrant son badge.

-Oui, c’est moi. C’est pour quoi?

Skudy sorti la carte d’identité de Kit Hoover et la montre à la mère.

-C’est bien votre fils sur la photo?

-Oui c’est Kit, mon beau-fils. Qu’a-t-il encore fait ? Il a encore manifesté dans les rues, c’est ça ? J’ai vu dans le journal qu’il y a une manifestation dans le sud.

Elle semblait très inquiète, Skudy ne savait pas comment annoncer la nouvelle à sa mère.

-Non, non. Écoutez, nous avons trouver Kit ce matin dans le parc en bas, et… il est décédé cette nuit vers onze heures. Je suis vraiment désolé.

Nina Hoover le fixa un moment, avant de fondre en larme sur le pas de la porte. Les larmes chaudes de cette femme attendrissaient l’agent de police, c’était bien la première fois. Il la prit dans ses bras, et lui tapota dans le dos pour la calmer. Cela n’eu aucun effet.

Le salon était grand, il s’agissait d’un salon double, avec cheminée, canapés de cuir, et écran plat, il y avait quelques plantes vertes sur le rebord de la baie vitrée.

-Kit était si gentil, si attentionné, si mûr, je le connaissais depuis seize ans, dit-elle en sanglotant.


Photo de Daniel Reche sur Pexels.com

-Madame, l’origine du meurtre de votre beau-fils est encore à ce jour inconnu, nous ne connaissons pas l’auteur ni ses raisons. Nous pensons seulement qu’il s’agit d’un meurtrier en série. Votre fils n’est pas le premier que nous ayons trouvé avec une partie du corps en moins. Écoutez, je dois vous poser quelques questions, à vous et au reste de votre famille vivant avec Kit.

-Il n’y a que moi et mon mari. Ulrich est au travail pour le moment. Je suis en congés maternité pour ma part, j’ai tout le temps de vous répondre.

-Félicitation, dit-il en regardant le ventre à peine rond de Madame Hoover.

-Merci…, répondit-elle faiblement, le regard dans le vague.

-Savez-vous si quelqu’un pourrait en vouloir à Kit, ou si quelqu’un en voudrait à son argent ? Nous soupçonnons le vol, Kit n’avait avec lui que quarante livres.

-Oh non, Kit se balade…, elle s’arrêta un instant, …Kit se baladait souvent sans argent, il était un enfant unique, gâté, mais il allait souvent dans les quartiers sud, avec ses amis, pour manifester, comme s’il en avait besoin, et il se faisait passer pour un gamin de la zone. Il fraudait, se battait, tout ça sous l’influence des pauvres gosses du sud. En revanche, je ne sais pas si qui aurait pu lui en vouloir, il ne me raconte rien de ce qu’il se passe à l’école ou en dehors. C’était un garçon adorable, je suis sûre que personne n’aurait pu vouloir lui faire le moindre mal.

Elle sanglota à nouveau. Skudy notait tout ce qu’il venait s’entendre et lui demanda le nom de son école, des infos sur son parcours scolaire, sur ses loisirs.

-ll est à l’école privée Mayburry, il a de bonnes notes, un comportement exemplaire d’après son professeur de Littérature. Son père ne voulait pas qu’il aille en Lettres, mais je voyais bien qu’il avait le talent pour devenir écrivain. En dehors il faisait du baseball avec son père tout les mercredi, et il sortait souvent avec ses amis des quartiers sud ou avec sa petite amie Tracy, une fille charmante.

Sur ces mots, la porte d’entrée s’ouvrit, un homme très grand entra dans la pièce. Nina se leva de son fauteuil. Ce devait être le père de Kit. Elle se leva, les larmes aux yeux, il enlaça sa femme et lui susurra à l’oreille “je sais. On va s’en sortir.”. Il s’essaya dans le canapé de cuir noir et posa les yeux sur Skudy. Ses yeux étaient tout boursoufflés, son regard était fixe.

-Votre collègue m’a téléphoné, il porta sa main à ses lèvres gercées, comment est-ce arrivé ?

Skudy était gêné,sans doute par le regard du père, mais il savait qu’Ulrich Hoover était un homme au sang bleu, et donc au sang froid.

-Blessure à l’arme blanche dans l’abdomen. Le meurtrier lui a arraché les dents, toutes les dents après l’avoir tué. Il s’agirait d’une série de meurtres commis par une seule et même personne, selon ma supérieure.

-Et c’est vous que la police envoi.

Skudy savait que Hoover faisait allusion à son embonpoint et à sa figure perlant de sueur. Son physique n’était certes pas avantageux, mais cela n’a jamais affecté son travail.

-J’étais le mieux placé pour cette affaire monsieur Hoover.

Ulrich se servi du café et bu à larges gorgées. Skudy finit par se lever.

-Bien, merci madame pour votre coopération. Encore une dernière chose, connaissez-vous le nom des amis de Kit, j’en aurais besoin pour l’enquête.

-Non, non, répondit Nina, mais vous pouvez monter dans sa chambre si cela peut vous aider.

-Merci.

Nina emmena l’agent de police Skudy dans la chambre de Kit et le laissa seul dans la pièce.

La chambre était tapissée de dessins au fusain ou au stylo bic, principalement des dessins de femmes plutôt réalistes. Il y avait une batterie au fond de la pièce et quelques bibelots. Sur le bureau, de nombreux livres attendaient d’être lu. Parmi eux, Michael Skudy reconnu la reliure du Roi Lear de Shakespeare, il y avait également pas mal d’ouvrages sur la vie de Marie-Antoinette ou sur le procès de Salem.

On dirait que la cause féminine apportait beaucoup à l’adolescent. Il y avait sur son lit un ordinateur, Skudy décida d’y jeter un œil, peut être, allait-il le renseigner sur ce qu’il cherche. L’ordinateur de Kit était protégé par un mot de passe, Skudy essaya “Kit”, “Kithoover”, ou encore “1234”, ou “0000” mais rien ne fonctionna. Il aperçut alors une photo affichée au-dessus de son bureau à coté de sa photo de classe, il la prit, la contempla, il s’agissait d’une photo de lui et d’une jeune fille; ils avaient l’air heureux. Il lut au dos “Tracy et moi, juin 1998”.

Photo de Mikael Blomkvist sur Pexels.com

Il eut alors une révélation, il empoigna l’ordinateur et saisi “Tracy” sur la barre de mot de passe. L’ordinateur se déverrouilla instantanément. Skudy flânait à travers les dossiers du garçon, il y avait des premiers jets ainsi que des poèmes parlant d’amour, de passions, mais aussi de souffrance et d’argent. I

l y avait quelques films comme Star Trek, ou Titanic, ou quelques épisodes de Friends; des photos de lui, de sa copine Tracy, de lui en soirée avec deux ou trois amis, de son père, de sa belle-mère, mais aussi d’une femme brune aux yeux bruns, il était inscrit “maman” tout en bas, il doit s’agir de sa mère biologique. Skudy copia tous ces éléments sur sa clé usb afin de les passer au peigne fin chez lui.

Soudain, un bip se fit entendre venant de l’ordinateur. Une conversation msn venait de s’ouvrir. Cinq personnes étaient connectées sur ce compte ; Skudy prit la liberté de lire les messages. Deux des cinq personnes proposaient de sortir le soir même à Soho. Elles portaient toutes des pseudonymes.

Celle qui avait engagé la conversation se faisait appeler “Princess” et vu la photo il devait s’agir de Tracy. Celle qui lui a répondu était vraisemblablement un garçon et se faisait appeler “Killer”, Kit se faisait appeler “Honor”, un autre garçon avait pour pseudonyme “Twist”, une autre fille se prénommait “Redcarpet”, et une autre “doors”. Skudy n’osait pas répondre à la place d’un mort, il se contenta alors d’observer la conversation et de remonter la file de messages vers l’heure du décès de Kit. Apparemment “Redcarpet” et “killer” avaient prèvu de voir Kit ce soir-là.

“Je les tiens” pensa Skudy. Il referma l’ordinateur et sorti de la pièce.

-Merci pour tout, madame Hoover, dit-il en serrant la main moite de Nina, je vous tiendrais au courant du déroulement de l’enquête, et si ça ne vous embête pas je vais prendre ça, dit-il en montrant l’ordinateur sous son bras.

-Oui prenez le, c’est moi qui vous remercie. Au revoir agent Skudy.
Ulrich Hoover raccompagna Skudy dehors. Il le regarda dans les yeux avant de verser une larme. Skudy serra la main de Hoover.

-Nous allons le trouver monsieur Hoover, je vous le promets.

-Merci monsieur l’agent, répondit Ulrich en souriant légèrement.

-Je vous en pris, appelez-moi Michael.

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