HORIZONS TALES (fiction) : chapitre 4 “Le Juge”

CHAPITRE PRECEDENT >>>

Quelques minutes plus tard, la grande porte du palais qu’avait passé le prêcheur un instant avant s’ouvrit. 

 Des gardes de la reine, rangés en lignes symétriques emboitaient le pas suivi celle que ce beau monde attendait. 

 “Veuillez accueillir la reine, Larasyne Melridor d’Amasy, Reine du royaume de Jefestiar, Reine de Svaer et des iles de glaces. “

Tout le petit peuple se prosterna à l’arrivée de la parade royale et de la reine du monde des glaces, le veilleur Gregor lança un coup de pied dans le mollet du prêcheur, l’obligeant à se prosterner. Le petit son de douleur qu’émis le garçon fit tourner légèrement la tête à la reine qui s’avançait maintenant entre ses sujets. 

Elle était d’une blancheur fantomatique, les cheveux bleus (pâle), vêtue d’une robe grise trainant au sol, les manches couvant ses mains, le regard de la même teinte grisée. Ses cheveux relevés sur le dessus laissaient libre son visage, ses cheveux tombaient en ondulant élégamment dans son dos. Sa beauté était ce que décrivaient les écrits, elle était magnifique. 

Elle était suivie par ses fidèles conseillers, Fieldrick, Pheol le cuirassé, et Mirandre. On pouvait aussi apercevoir le responsable des réunions royales et intendant, Ulrich Melridor d’Amasy, frère de la reine ; le premier Kaile, le représentant religieux ; le capitaine de la flotte royale, Midran-Rem ; et le frère cadet du défunt Roi Stylla, Oysten. 

La Reine monta les marches de verre, faisant résonner ses pas dans toute la salle, et se positionna dos au trône et face à ses sujets. Elle s’assit, puis tout le monde se releva. 

– Madame, Reine de tout, dit un vieil homme en toge qui s’était avancé au devant, aujourd’hui vingt jugements ont été réclamés. 

Il était le chargé des jugements, celui qui enregistre les demandes des sujets à comparaître devant la Reine, monsieur Luis, c’était également le grand guérisseur du Royaume. 

La Reine, tenue droite sur son trône, hocha la tête lentement. Les premiers jugements n’étaient que problèmes de nourriture, de partage de biens, la reine annonçait son jugement à Fieldrick qui lui l’annonçait tout haut. Un marchant avait été pris par un autre en train de voler ses gains et la sentence fut simple, le remboursement du double de la somme en Pilon de ce qui a été volé. 

– Suivant, dit monsieur Luis. 

Un homme s’avança avec entre ses mains une femme qu’il violentait et bousculait. 

– Ma Reine, cette femme est ma compagne, dit-il en montrant la femme, ce matin alors que je me levais, je vis que toutes mes armes fraichement forgées n’étaient plus à leur place, tout m’a été volé, dans la nuit. Elle non plus n’était plus là. Elle m’a volé mes armes ! Voler est passible de mort, surtout celles de son compagnon ! 

Oysten Irlander, frère du Roi défunt Stylla Irlander pris la parole. 

– Mais l’avez-vous prise à voler ?

– Non, mon seigneur, mais elle l’a fait !

– Comment pouvez-vous donc le savoir ? 

– Et bien… je ne sais pas, mais elle n’était plus là, et mes armes non plus !

– Laissez parler la fille, suggéra Fieldrick. 

– Bonne idée, dit Oysten, lâchez-la.

L’homme s’exécuta, rouge de rage. 

– Avez-vous volé ces armes oui ou non, soyez franche, les Dieux et votre Reine vous regardent. 

La femme était moite de sueur et pleurait. 

– Non, je le jure par les Dieux ! J’ai voulu poursuivre le voleur, c’est pour cela que je suis partie ! 

– Menteuse ! Cria l’homme.

– Taisez-vous ! Qui a volé les armes ? Demanda plus fort Oysten. 

– No-notre compagnon. 

– Non ! Menteuse ! 

Il entreprit de la frapper. 

– Si vous la frappez, il vous sera rendu le triple. 

La Reine venait de se lever, sa voix avait fait écho dans la pièce. L’homme s’arrêta instantanément. Elle se rassit. 

– Le vol est puni, voler son compagnon, c’est rompre les liens qui vous lient. Les veilleurs de ma garde retrouveront votre compagnon où qu’il soit, il sera enfermé une année à la prison de Tyramé, votre compagne sera interrogée par mon frère lui-même ; quant à vous, je ne tolère pas la violence, encore moins sur un membre de la famille, vous passerez trente jours à Tyramé. Un incident comme celui-ci fait de vous des Hommes sans compagnons ni compagnes, vous resterez solitaires jusqu’à ce que la mort ne vous prenne.

– Non, non ! Je vous en supplie ma Reine ! Cria-t-il en se faisant saisir par les gardes de la Reine. 

– Ulrich, dit-elle vers son frère debout à sa gauche, interrogez la fille et faites retrouver les armes ; Premier Kaile, veuillez bien rompre le contrat qui les lie devant les Dieux. 

Le grand frère de la Reine ainsi que le Premier Kaile sortirent de la salle suivie de l’homme et de la femme, poussant des cris tout deux, respectivement de rage et de peur. 

– Suivant, dit encore monsieur Luis.

– Ma Reine, commença Veilleur Grégore, nous vont apportons ces trois larbins, le premier a été pris en train de voler en ville. 

Encore une fois, la Reine se tu et laissa le soin à Fieldrick, Oysten ou Mirandre de parler, ils étaient les plus sages pour cette tâche, tout comme son frère Ulrich. 

– Volais-tu ? Demanda Oysten. 

– Oui, répondit l’inculpé. 

– Soixante jours à la prison d’O’enly, pour avoir avoué. 

Ils emmenèrent le garçon. 

– Le second a été pris par trente-cinq témoins à tuer un Kaile dans un village à la frontière avec la ragio d’Orégu En. 

– Pourquoi as-tu tué un Kaile ? Dit-il au second garçon. 

– Les Dieux n’existent pas. 

Oysten Irlander grinca des dents. 

– Ma Reine, un meurtre et le déni de l’existence des Seigneurs nos Dieux sont des crimes valant la mort la plus douloureuse, cette fois permettez que… 

– Non, haussa-t-elle le ton, pas d’exécution. 

Oysten Irlander se pencha à son oreille, le regard froid. 

– Ma Reine, si vous l’exécutez ce genre d’incident n’arrivera plus, les gens ont peur de la mort. 

– Et les gens ont tout aussi peur de l’oubli et de la folie. Savez-vous ce qui rend fou ? La claustrophobie, l’ennui et l’indifférence des autres. 

Elle le regardait droit dans les yeux, bien qu’il fut plus en hauteur qu’elle puisqu’il était debout. Son regard était sans compromis. Oysten souffla et se redressa.

– Vous serez enfermés à perpétuité à Tyramé.

Gregore, chef des veilleurs, ne compris pas, mais laissa faire. L’homme fut emmené peu de temps après. 

– Comme cela il aura le temps de penser aux Dieux, dit enfin Mirandra, la voix claire et hautaine. 

La Reine Larasyne lui lança un regard noir. 

– Suivant. 

– Le troisième est un stupide prêcheur qui, après la vague de rumeurs comme quoi des étrangers seraient revenus, a blasphémé les Dieux en reniant votre légitimité au trône et votre engagement dans le monde, Madame.

– Conspirer contre la Reine est passible de mort, cette fois je vous en conjure ma Reine vous devez le faire exécuter, dit Oysten. 

– Non. 

– Qu’avez-vous à reprocher à la Reine, dites-le haut et fort si vous en avez la bravoure. 

Le garçon hésita. 

– Le peuple a faim, le peuple a soif, le peuple a peur, les étrangers ne devraient pas être ici, la dernière fois qu’ils ont été acceptés le mal a régné sur nos terres. Tout ce qui vient de l’Horizon, la Reine l’accepte. La Reine n’est, pour moi, pas Juste, mais Faible et Lâche. La Reine n’a pas non plus mérité son trône. 

– C’en est trop, dit Pheol en dégainant son épée. 

La Reine fit un signe de main, le chef de l’Armée Royale baissa son arme. 

– Comment t’appelles-tu ? Dit-elle. 

– Répond ! Cria Grégore sur son prisonnier. 

– Je m’appelle Xhion. 

– “Ma Reine” ! Cria encore Grégore. 

– Non ce n’est rien, dit-elle à l’intention du veilleur, s’il ne me considère pas comme “sa ” Reine. D’où viens-tu Xhion? 

– Meodre, port de la région de Drethron Tiar. 

– Je m’en doutais, dit-elle pensive. Elle se mordillait la lèvre. Mon seigneur, dit-elle en s’adressant à Oysten, veuillez continuer sans moi, j’ai à faire. 

– Bien, madame. 

– Pheol et Midran-Rem, vous ne devriez plus participer aux jugements, vos engagements sont bien plus importants. Rentrez aux ordres. 

– Bien madame, répondirent les deux guerriers. 

Elle se leva et descendit les marches du trône, suivie de Fieldrick. 

– Emmenez ce garçon aux cellules d’O’enly, sa sentence viendra. 

Le garçon fut emmené par la porte avant que celle-ci ne sorte, le regard haineux, au plaisir d’un jour détruire celle qui avait permis il y a des années le massacre des familles de Nimé de Drethron Tiar.

LIRE LA SUITE >>>

Laisser un commentaire