HORIZONS TALES (fiction) : Chapitre 6 “English man in…somewhere”

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Le Grand-Théâtre était comme dans son souvenir. Glacial. La garde la Reine était cependant plus grande et plus renforcée qu’elle ne l’était auparavant. 

– Alors, petite, on ne dit pas bonjour à un vieil ami ? 

La voix dans le dos de Lynae ne lui était pas inconnu, alors son visage s’illumina. 

– Midran-Rem ! 

Elle s’élança dans ses bras. Ekin la suivi, mains dans les poches. Lorsqu’il se dégagèrent, le chef de la flotte royale regarda un instant la jeune femme Galcée qu’il avait formé, avec un large sourire. 

– Par l’Horizon, tu es une vraie dame ! 

Il lui ébouriffa les cheveux. 

– Et toi un vrai monsieur ! Répliqua-t-elle. 

– Ahah ! 

Midram-Rem était un homme typé de Drethron Tiar, la peau blanche et les cheveux bruns. Il avait été au service du Roi de cette région du Sud avant d’être au service du Roi Défunt Magir, Ancien Roi des Terres de Glace. C’est lui qui lui avait permis d’entrer dans la garde de Veille de Meonin. 

Il avait été esclave, dans une autre vie, à l’Est. Cela ne l’a jamais dissuadé de servir un jour quelqu’un de juste. Lui-même connaissait les régions les plus reculées, celles où les gens du peuple qui ont connu la royauté et ce qui en suit ne pourraient s’imaginer. 

– Alors comment ça se passe à Meonin? Dit-il à l’intention des deux jeunes gens. 

– Pas trop mal, répondit Ekin. 

– “Pas trop mal” ? Vous vous foutez de moi ? Racontez-moi !

– Pas aujourd’hui Mid’, on a une cargaison pour la Reine. 

– C’est ce que je vois oui, dit-il en voyant la cage, faites attention, avec eux on ne sait jamais ce qui peut arriver. 

– Nous le ferons. Les portes du Grand-Théâtre s’ouvrirent alors sur une grande cour où la cour se réunissait, ainsi que l’armée, la garde, les conseillers, la famille… La cage resta aux mains de gardes le temps de comparaitre devant la Reine. L’histoire d’éviter les débâcles.

– Nous voudrions voir la Reine Larasyne, dit Lynae à l’intention de Fieldrick, assis sur un banc dans le jardin royal. 

– Bonjour, majestueuse Lynae Beaugrir, avez-vous fait bon voyage ? 

– Très bon Monsieur.

– Bien. La Reine se repose dans ses appartements. On m’a dit que c’était vous qui aviez la tâche m’emmener les étrangers à O’enly. 

– C’est juste. 

– Évidemment. Emmenez-les aux prisons du Palais, ceci sera plus sûr, vous en avez la permission. La Reine sera là un peu plus tard. 

– Bien, Monsieur. 

Les deux glacés de Meonin, dépaysés, s’en allèrent vers les souterrains, seul lieu où le froid ne pénètre plus. 

Les Terres de Glace sont, comme son nom l’indique, hostile pour tous ceux n’étant pas d’origine des Iles. Lynae, plaçant la cage sur le socle roulant, sentit une odeur inconfortable. La puanteur était à son comble, tant qu’elle se demanda comment elle avait fait pour ne pas la sentir plus tôt. Deux étrangers avaient crevé dans la cage depuis leur départ. Lynae souffla et chargea la cage. 

Elle mena l’a prison mobile seule, tirée par son aftal, Jera, jusqu’au souterrain. Ekin resta au jardin pour attendre la Reine et lui faire part de leur arrivée. 

Dans les souterrains d’O’enly, la pierre conservait une sorte de chaleur, une chaleur traître qui n’en est pas vraiment une. Elle enleva alors son attirail, son écharpe en fourrure, son manteau noir, son armure en fer nimérien ; elle ouvrit la cage, épée en main. 

– Oh thank you, thank you, lady ! Dit un des étrangers. 

– You are not free yet ! Cria-t-elle avec un piètre accent et en roulant les r. 

– She talks our language !

– Fermez-la ! Elle les poussa un à un dans une des cellules. À côté, un garçon au teint de glace regardait la scène, lui-même derrière les barreaux de la prison.

– Tu ne devrais pas les laisser là, un mec du Sud trouve toujours un moyen pour sortir de sa cage et tuer ceux qui ne devraient pas exister. 

– Si tu les tues avant le consentement de la Reine, JE te tuerai. 

Il pouffa. 

– Je l’emmerde la Reine. Elle a perdu l’essence de ces Terres. 

Lynae serra les poings. 

– Elle est juste. 

– Elle est comme les Humains. 

C’était la première fois qu’elle entendait ce mot, avant elle l’avait seulement lu. C’était ce mot qui désignait les étrangers venant de la mer de Meonin. Elle poussa le dernier étranger dans la cellule, celui-ci se colla aux barreaux après qu’elle eut fermé la grille. 

– Let us go home, we don’t want to do any worry. Please Lady !

– I’m not your Lady, and you won’t go home. 

– You talk our language, right ? We could be friends, non ? Please. 

– You will die, and I don’t mind. 

Lynae s’apprêta à partir. 

– My name is Helden, dit-il plus calmement, les mains pendant à travers les barreaux.

Elle se retourna.

– I don’t care, Helden. You will die whatever your name. 

– Apparemment, celui-ci veut communiquer, dit le garçon glacé prisonnier. 

– Ouais, apparemment. 

Elle tourna les dos. 

– Comment ce fait-il que tu parles la langue commune des Hommes ? 

– Et toi comment sais-tu que ce qu’est cette langue ? 

Lynae remonta les escaliers laissant le prisonnier en compagnie des étrangers (et des deux cadavres dans la cage). 

L’un d’eux, Helden, avait compris que rien ne le sauverait, ici.

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