HORIZONS TALES (fiction de fantaisie) : Chapitre 5 “Helden”

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Route langeant la rivère de Slone.

Cela faisait déjà une demi-journée que Lynae et Ekin vaquaient dans les plaines et forets en direction d’O’enly. Après plusieurs heures de marches, à dos d’aftals, les deux glacés décidèrent de s’arrêter pour déjeuner auprès de la Rivière de Slone, s’écoulant à travers tout le Nord de Jefestiar à H’Rlorv En. 

Ils s’étaient assis, les pieds dans l’eau, mangeant des vivres et nourrissants leurs quatre bêtes. 

– Mmh. Tu crois que la Reine Larasyne va les épargner ceux-là ? Dit Ekin à sa compagne en mangeant une bouillie de Tama et de Vinxy, une viande de qualité. 

– Je ne sais pas, ça m’étonnerait, Larasyne telle que je la connais laissera ce jugement au Seigneur Oystein et à la Reine Veuve Mirandra, ils choisiront de les exécuter publiquement. Cependant, je n’en dirais pas tant de son conseiller financier, Fieldrick, il est de meilleur conseil. 

Les deux jeunes gens mangèrent tant qu’il le pouvait avec leurs provisions. Là-bas à O’enly la nourriture était bien moins bonne que celle de la côte. 

– Si elle les épargne je ne donne pas une lune à sa tête, dit-il la bouche pleine, personne ne veut d’étrangers. Les Royaumes de l’Est ne l’approuveront jamais, ils la tueront, c’est sûr.

– Qu’ils essaient. 

Lynae entendit soudain un gémissement derrière elle. 

“Water… Water…”

La glacée se leva et s’approcha de la cage où les étrangers étaient entassés. Deux d’entre eux avaient repris conscience. Un homme d’à peu près l’âge des deux compagnons arrivait même à balbutier quelques mots. 

“Please… Water…”

La glacée ne comprit pas. 

– Eh ! Y en a un qui veut dire quelque chose. 

Ekin se leva à son tour, la grandeur du personnage effraya l’étranger. 

– Qu’est-ce que tu veux toi ? Dit-il à travers les barreaux. 

L’étranger ne sembla pas comprendre et répéta les mêmes mots en boucle. Puis, Ekin porta sa gourde à ses lèvres et l’étranger pointa fébrilement l’objet du doigt. 

– Il a soif, dit Lynae. 

– Qu’il attende qu’on soit à la capitale ! Râla Ekin. 

Lynae empoigna la gourde d’Ekin alors que celui-ci voulu boire davantage. Elle en renversa un peu sur son compagnon en la lui volant et la tendit à l’étranger. Celui-ci la prit en tremblant et en bu plusieurs gorgées avant d’en donner à son camarade également éveillé. 

– Pourquoi veulent-ils tant nous envahir, ils devraient savoir à quoi s’attendre depuis le temps, dit Ekin en chargeant les provisions restantes sur les birusteths. 

Lynae contemplait de son regard cerné de noir l’étranger sali par les eaux et le sable. 

– Faut croire qu’ils n’ont pas compris encore. Les deux compagnons se remirent alors en route, le ventre plein. Une heure les séparait maintenant de la capitale royale d’O’enly. Il était temps d’arriver, la fatigue se faisait sentir et cette course enlever une journée et bien plus de salaire aux deux jeunes gens. 

“Where are we going ?” L’étranger venait de parler. Lynae fit mine de ne rien entendre, mais l’étranger continuait à parler et à parler et à parler. “If you want to kill us, do it now” “Let us go” “Girl? Girl?” Lynae voulut l’ignorer encore, mais l’étranger se mit soudain à hurler. 

 Lynae descendit directement de son aftal et empoigna un poignard forgé en Filda. Elle s’avança vers la cage et menaça l’étranger en pénétrant la lame juste à quelques centimètres de son visage. Il s’arrêta. Elle repartit vers Jera mais l’étranger recommença, cette fois encore plus fort. Elle perdit patience et frappa une fois la cage avec le pied. Ce n’eu pas d’effet. Cette fois-ci, elle ouvrit la cage de métal et en sortit l’étranger bruyant. 

– I knew that it will make you take me out. 

– Ferme-la ! Je comprends que dalle. 

Elle lui donna un coup dans le ventre. L’étranger se roula par terre. 

– Je comprends rien de ce que tu dis. Il veut que je le tue ma parole !

– Laisse-le crier Lynae, il rira moins quand sa tête tombera. 

– Si elle tombe. 

Elle lança un nouveau coup, cette fois au visage de l’étranger. 

– Remet le dans sa cage, Lynae. 

Elle prit l’étranger par le bras ; il avait une peau dégoutante, pullulante de cheveux courts et fins, des vêtements idiots ne protégeant même pas du froid, des cheveux laissant présager que les étrangers n’avaient aucun sens du combat et de la victoire, courts comme ils étaient. 

“Linail… Linail ?” L’étranger venait de prononcer en vain le prénom de la glacée, cela énerva d’autant plus la jeune femme. 

– Retiens-moi, où je vais le tuer moi-même. 

Le chemin était gris et boueux, les aftals avaient du mal à en venir à bout avec leurs griffes. Les deux compagnons se lassaient des terres infertiles et sans vie ; quand les grandes tours annonçant la citée de O’enly se dressaient enfin au loin. La jeune femme ne pu cacher son soulagement : “enfin, nous y sommes”

C’était drôle à quel point un paysage peut changer d’un coin à l’autre. Entre le village sauvage de Meonin et la capitale urbaine de O’enly il n’y avait pourtant que quelques heures. La terre d’ici était chaleureuse, fraiche, accueillante… Ils entendirent une corne chanter à leur arrivée devant les tours. Plusieurs gardes étaient postés en chacune d’elle et des soldats se préparaient comme à la guerre. C’est le chef de la garde armée, Grégore Veon, qui vint retrouver les deux veilleurs de Meonin. 

– Vous êtes qui vous ? 

Le veilleur d’allure grande n’avait en effet jamais vu les deux compagnons puisqu’il fut désigné chef des veilleurs après leur départ pour le Port, il y a deux années. Lynae restait perchée sur sa monture, comme son ami. 

– Lynae Beaugrir de Throngard de la tribu des Garett d’O’enly, veilleuse de Meonin et voici mon compagnon Ekin Vorlander de Throngard de la tribu des Garett d’O’enly, veilleur de Meonin. 

– Mmh… Les compagnons de la nourrice des princes et princesses du Roi Défunt Stylla. 

– C’est cela, monsieur Gregore Veon. 

– Qu’est-ce que vous nous apportez là ? Dit-il en désignant de son épée les dix anglais en cage. 

– Des étrangers. 

Gregore Veon eu un geste de recul et sonna la corne pour signifier que le passage était autorisé. 

– Ne laissez pas ces choses sortir ou c’est vous qu’on enfermera. 

Lynae ne retint pas et fit signe aux créatures derrière elle tenant la cage d’avancer. 

– En avant. 

Le convoi avançait sur le terrain marchant du peuple, froid et obscure, affamé et maladif. 

Revenir ici faisait un choc, autrefois la ville n’était pas comme cela, Lynae se souvenait de la gaité, de l’odeur des épices, du froid magnifique, des flocons tombant sur la terre labourée, des grêles faisant comme un feu glacé tombé du ciel ; et ce jour la neige ressemblait à de la cendre. 

Les habitants de la capitale n’osaient rien dire, les gardes surveillaient, quelques-uns avaient le cran de balancer des légumes séchés, des boules de neige. “Alors tu l’aimes le froid de chez nous ? Vaut-rien !” avait crié un passant en balançant un gros gloc de givre sur la cage. Lynae et Ekin continuaient leur route jusqu’au Grand-Théâtre, bien que certaines insultes les désignaient tout directement. 

“Vous auriez dû les achever !” “Traîtres ! Vous êtes comme eux ! Tuez-les !”

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